Idéalement… je suis une artiste

Salut tout le monde,

Sachez que dans ma vie parfaite je dessine et je peins en fait. J’ai des pinceaux, des crayons, des toiles et je m’exprime… Sauf que ce n’est pas le cas. Enfin, pas tout à fait. Car aujourd’hui j’ai bel et bien dessiné. Je n’ai pas eu le choix. Comment en tant que Guyanaise, fière consommatrice du « Bouillon d’awara » (plat traditionnel guyanais), puis-je souhaiter sur mes réseaux de Joyeuses Pâques et ne pas mettre sur le visuel la star du jour : l’awara ? (le fruit au milieu de l’image ci-dessous). Forcément, dans les banques d’images on trouve pas mal de choses mais pas de dessins de l’awara. Donc il a fallut le faire. Mais voilà, j’en ai dessiné qu’un sur les trois de prévus, à la va-vite, et arrivant en retard au déjeuner. Avec à la fois le sentiment d’apaisement « ah, je sais encore dessiner, au moins à l’ordi » et à la fois le regret : « je pourrais mieux faire, je pourrais en faire plus souvent ». Et là, viens le pincement de cœur : pourquoi je ne peins plus…

Le manque de temps

Je me souviens bien que ma dernière toile est restée inachevée par, à l’époque, « manque de temps ». Et aujourd’hui, 6 ou 7 ans plus tard, elle trône dans ma petite maison de Cayenne, toujours aussi inachevée. Si je me replonge dans cette époque là, j’étais Elodie étudiante. Je venais d’entrer en licence de Science politique après avoir suivi une licence d’Histoire et géographie, et mes charges de travail et de stress avaient considérablement augmenté. Oui fac de lettres et fac de droit, deux univers complètement différents. Mais il n’y avait pas que ça, j’étais étudiante et danseuse. Et ça fait tout drôle car le mois dernier j’ai mis la main sur mes tout premiers contrats de travail et si à l’époque je n’osais me définir comme tel, la quantité de contrats déclarés alliés aux reçus des Congés Spectacles certifient que j’étais danseuse professionnelle. Ok, peut-être semi professionnel car avec tous les contrats « au black » je ne cumulais pas assez d’heures pour avoir le statut d’intermittent du spectacle. Bref, danseuse pro : c’est-à-dire répétitions, choré, show sur scène, carnavals de rue, tournées. Ah oui, j’oubliais presque : ma troupe. Car il a fallu que je crée ma propre troupe (toute une aventure ça). Et c’est vrai qu’entre deux exams et deux carnavals, j’étais bel et bien débordée. Le manque de temps a tué ma passion pour le dessin.

Non pas le manque de temps

Non ! Pourquoi ? C’est simple, tout est une question de choix, de priorités et bizarrement… j’avais renoncé sans renoncer vraiment à ce côté créatif. Celui là, car la danse continuait à faire son chemin (un temps). Et en fait, j’ai toujours été tiraillée entre Elodie artiste et Elodie pas artiste. Je n’ai jamais voulu vraiment exercer une profession artistique. Idéalement une partie de moi se voyait bien étudier le design, mais n’osait pas. Je n’osais pas passer de concours, trop peur d’être recalée. Je n’osais pas investir financièrement dans une école de design, trop cher. Et le miracle de la vie a fait que d’opportunités en opportunités je me suis confrontée à des expériences créatives qui m’ont amenée à créer une agence de communication avec laquelle je me distingue par le design graphique. De sorte qu’aujourd’hui je peux dire que j’exerce un peu une profession artistique. Il n’y a pas que ça, je fais aussi de la stratégie, j’organise des évènements, mais ça reste quand même un élément essentiel. Bon, je ne dessine et ne peins, à proprement parler, toujours pas.

Trop nulle pour y arriver

Quand je dis que j’ai toujours été tiraillée, ce n’est pas une blague. Je me souviens de semaines et de mois de grands doutes, de tortures psychologiques même. Et si j’arrêtais tout pour ne faire que de la danse ? Et si je changeais pour devenir peintre ? Ah non c’est vrai, pas ça ! J’ai toujours aimé peindre, mais par contre j’ai toujours trouvé que je peignais mal. Ce sont la douceur de la sensation du coup de pinceau sur la toile, la vision extasiante des couleurs, la délectation de ces moments d’attentions extrêmes sur le détail qui fait toute la différence qui m’autorisaient à affronter ma peur de l’imperfection et oser peindre. Mais ce n’était jamais top. Et je ne me donnais pas le temps d’apprendre à mieux faire. C’est fou à quel point j’étais convaincue qu’à 21 ans il était trop tard pour apprendre ! Malheureuse… [Je suis morte de rire en écrivant]. Quelle bitak !

Mais ça c’était avant

Oui avant ! À l’époque où il fallait que je rentre dans une case, une étiquette. À l’époque, où je ne pouvais avoir qu’une carrière. À l’époque, où je ne pouvais pas faire plusieurs choses à la fois parce que « je ne serais bonne nulle part »… Sauf qu’entre temps, j’ai essayé de me conformer vraiment à tout ça : j’ai laissé tomber le dessin et la peinture et j’ai laissé tomber la danse aussi (plus de contrats, plus de cours, plus de troupe), et ça n’a pas plus fonctionné que ça. J’étais toujours aussi occupée et j’étais surtout déprimée tout le temps. Et le pire, j’étais dans la frustration de ne pas faire ce que j’avais vraiment envie de faire. De me refuser des plaisirs par « manque de temps », parce que « de toutes les façons ce ne sera jamais bien », « ce sera toujours fait à moitié » etc.. Et aujourd’hui je pense tout à fait autrement. Octobre dernier je me suis remise au violon que j’avais arrêté à 12 ans. C’est laborieux… (pauvre de mes voisins). Mais je l’ai fait car désormais je sais qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre. Je sais aussi que tout n’a pas toujours besoin d’être parfait. Je sais surtout qu’apprendre prend du temps et qu’au début ça fait mal aux oreilles, c’est laid, ce n’est pas « top ». Et pour le manque de temps… Et si j’arrêtais d’y penser ? Et si je me mettais à peindre sans penser au temps que ça me prendrait ? De la même façon que je joue du violon quand l’envie me prend et que je casse les oreilles de mes voisins. De la même façon que j’écris cet article, sans l’avoir planifié à l’avance… On est dimanche de Pâques, Il est 23h, ça fait des mois que je me dis que je dois écrire pour le blog et que je ne le fais pas. Pas le temps…

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